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Revue N°91 - Janvier 2025

Edito

Aux racines de l’immigration

En ces mois où forcissent les tempêtes en mer et la neige en montagne, les dangers redoublent pour les migrants, toujours plus nombreux à tenter de rejoindre les riches Europe et Amérique du Nord. Le refus de l’immigration clandestine a été l’une des motivations des Américains qui ont voté pour Donald Trump. Et ces derniers mois, l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Portugal et la France ont durci leurs dispositifs de contrôle de l’immigration afin de restreindre le droit d’asile et de faciliter le renvoi vers les pays d’origine des personnes entrées illégalement.

Ces dispositifs sont parfois mis en place au nom de la lutte contre des actes de violence commis par des migrants en situation irrégulière. Mais ils ne s’attaquent jamais aux causes profondes qui poussent des jeunes à quitter leur pays en dépensant des fortunes. « Ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent la vie », rappelait le pape François à Marseille en septembre 2023. Ces causes profondes sont d’abord liées à l’insécurité dans de nombreux pays, notamment africains, du fait d’interminables conflits ethnico-politico- religieux entretenus par les ventes d’armements russes, chinois ou français, et de la lutte des grandes puissances pour la mainmise sur leurs ressources. Une autre cause est à chercher dans le manque de travail et d’avenir dans ces territoires, leur développement étant freiné par la mauvaise gouvernance et la corruption alors qu’ils sont souvent potentiellement riches. Tant que ces pays consacreront moins de 2 % de leur budget à l’éducation – comme c’est le cas dans nombre de pays d’Afrique –, leur jeunesse n’aura de cesse de rêver d’un ailleurs. Ces migrants ambitionnent simplement de vivre dans un État de droit et de liberté, de gagner leur vie de manière digne et de donner un véritable avenir à leurs enfants déjà nés ou à naître. Enfin, le réchauffement climatique (avec sécheresses endémiques et montée du niveau des mers) commence à rendre inhabitables certaines régions de la planète. C’est à ces racines profondes de l’immigration qu’il faut s’attaquer, encore et encore. Car l’un des premiers droits de tout être humain est de pouvoir vivre dans son propre pays.

Claire Lesegretain
redaction@viechretienne.fr


© AKG-images
Sur l’île italienne de Lampedusa, les migrants clandestins sont parqués dans des camps surveillés.


 

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