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Témoignages - Revue N°91 - Janvier 2025
Le cancre devenu un expert
Longtemps en échec scolaire, puis peu épanoui dans son métier, Alain Sotto a enfin trouvé sa voie à 40 ans passés, en devenant psychopédagogue. Et ce, grâce à une méthode qui l’a aidé à réussir et à réaliser, enfin, ses ambitions.En classe, j’étais un cancre. En fait, j’étais dyslexique et hyperactif, à une époque où il n’existait pas d’orthophonistes… J’ai même dû tripler ma Première. En Terminale, toutefois c’est parce que, cette année-là, on avait supprimé le premier bac. En Terminale, toutefois, les profs de philo et de français m’ont valorisé, estimant que j’avais de bonnes idées. Ces deux enseignants m’ont fait prendre conscience que j’avais une pensée construite, logique et personnelle, que j’avais donc de la « valeur ». J’ai commencé à lire des philosophes et des anthropologues, et un peu plus tard, des ouvrages sur la pensée, le cerveau. C’était important car, jusque-là, ma seule ambition – par défaut, car évidemment j’aurais préféré réussir – était de faire rire mes camarades.
Lorsque je suis devenu adulte, j’ai travaillé, mais sans passion. Je me disais : « Comment se fait-il que je ne sois pas absorbé, captivé, enthousiasmé par ce que je fais ? » J’étais persuadé que ça ne m’arriverait jamais. Très souvent, des jeunes en situation d’échec disent que rien ne les intéresse. Comme ils ont mémorisé des situations dévalorisantes, ils n’essaient même plus d’apprendre, et, du coup, l’échec se répète.
Pour un enfant, ses premières bonnes expériences en classe sont déterminantes. Lorsqu’il donne une réponse juste à une question de l’enseignant, il est valorisé par une bonne note. Il connaît alors le plaisir de la réussite et va tenter de le retrouver : c’est le premier pas vers un apprentissage apaisé. Il faut donc aider l’enfant en échec à trouver au moins un domaine qu’il aime et où il réussit. Par exemple, dans le sport, ou dans une activité manuelle. Ainsi l’enfant qui construit une cabane a un but. Il imagine, il est concentré, et s’il se heurte à des problèmes, il réfléchit, il trouve des solutions. Or, toutes ces actions de la pensée sont à l’œuvre dans le travail scolaire. Quand l’enfant le comprend, il va peu à peu mémoriser des succès. Tant que l’enfant n’a pas mémorisé des actions abouties, il ne peut pas être motivé ni avoir d’ambition.
Professionnellement, j’ai attendu l’âge de 43 ans pour savoir ce que j’aimais vraiment. Ce fut lors d’une conférence d’un psychopédagogue qui montrait que chacun peut accéder à son intériorité afin d’y découvrir ses images mentales, son discours intérieur et ses sensations, et, à partir de là, piloter sa vie mentale pour être attentif, comprendre et mémoriser. Cette découverte m’a donné la force de réorienter ma vie professionnelle vers ce métier de psychopédagogue qui me passionne¹. Si j’avais su cela plus tôt, mon destin d’élève en échec aurait été transformé.
Mon parcours ressemble à celui de bien d’autres cancres qui se sont révélés brillants à partir d’un déclic. Quand j’ai devant moi un enfant en échec, je l’aide à se projeter vers un présent et un futur heureux.
Recueilli par Claire Lesegretain
¹Voir le site : cancres.com
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Copyright : © Jacktheflipper / iStock
Les cancres ont d’abord besoin de prendre conscience de leur valeur.
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