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Expérience de Dieu - Revue N°91 - Janvier 2025
La grande soif des catéchumènes
En tant qu’archevêque de Lille, Mgr Laurent Le Boulc’h reçoit chaque année des centaines de lettres d’adultes et de jeunes qui demandent à recevoir le baptême ou la confirmation. La lecture de ces lettres est pour lui une véritable expérience spirituelle révélant la puissance de l’Esprit Saint.
Dans les semaines qui précèdent le carême, je reçois chaque matin plusieurs lettres de catéchumènes, adultes ou jeunes, qui demandent à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne. Je lis avec soin chacune de ces centaines de lettres, comme si j’entrais en conversation avec leurs auteurs. Cela me demande beaucoup de temps ; cependant, je rends grâce tant cet exercice enrichit mon regard spirituel.
Les lettres des catéchumènes témoignent de la grande diversité du peuple de Dieu. Elles sont brèves ou longues, condensées ou déployées, poétiques ou abstraites, factuelles ou sentimentales, graves ou légères, parfois accompagnées d’une image ou d’une prière. Je les reçois comme l’offrande de morceaux de vie, et je suis touché par la confiance qu’elles expriment envers l’évêque. Elles m’invitent à l’action de grâce pour le don du ministère épiscopal qui, humblement, fait de moi, au nom de Jésus, un confident du travail de l’Esprit Saint dans le cœur des hommes et des femmes d’aujourd’hui.
Une pause pour m’émerveiller
J’écoute avec respect ce que ces lettres me disent. Il n’est pas rare qu’au cours de la
lecture, je marque une pause pour m’émerveiller devant l’œuvre de Dieu, magnifique et parfois tellement surprenante, qui se réalise dans la vie de ces personnes. Mon âme exulte devant la capacité inouïe de l’Esprit Saint à se jouer des obstacles pour toucher ceux et celles qui s’éprouvaient les plus éloignés de Dieu. Je rends grâce à Dieu devant son désir infini de rencontrer chaque être vivant afin de l’inviter à entrer dans la communion de son éternel amour. Et comme les voies du Seigneur sont extraordinairement multiples, j’ai souvent l’impression que Dieu a vraiment le goût du sur-mesure !
Je découvre la grande diversité des chemins de Dieu en l’homme, des plus classiques aux plus étonnants… Qu’il s’agisse d’une rencontre d’un témoin engagé, d’un songe nocturne, de l’épaisseur du silence dans une église, de l’Évangile soudainement reçu, d’une célébration de funérailles, d’une préparation au mariage, de partages en petits groupes d’Église, d’une remise en cause à la suite de lourdes épreuves, de réponses trouvées sur Internet, et que sais-je encore… Autant de déclics qui placent ces personnes sur le chemin de Jésus.
À l’origine de ces parcours de vie, je perçois aussi les grandes interrogations existentielles, le besoin de salut et la soif de vie spirituelle qui traversent notre époque et remontent dans la profondeur des êtres. Ces lettres me renvoient aux psaumes qui sont les réceptacles de tous ces cris de douleur, de délivrance et d’interrogations devant les
atteintes du mal, devant l’absurdité apparente d’une vie, les constats de nos impasses, les quêtes éperdues de sens ou les nostalgies d’enfances croyantes. Les psaumes louent le Seigneur pour les passages de la mort à la vie, pour le mystère pascal éprouvé dans des jaillissements de lumière, dans la réconciliation.
La marque de l’Esprit
Un faisceau d’indices de plus en plus nombreux me donne à croire que notre monde, bousculé dans tous les sens par les assauts de crises multiples – climatique, sociale,
culturelle, politique ou encore éducative –, n’est pas abandonné de Dieu. Au contraire, cette dure épreuve creuse en lui d’autres désirs qui portent la marque de l’Esprit, tels des appels à fonder les existences sur la solidité du roc et à les orienter dans un horizon de sens.
Les lettres des catéchumènes me redisent combien, dans les incertitudes de notre temps, se reconnaître une source et une finalité est un trésor pour la vie de toute per- sonne. C’est une belle grâce que de pouvoir puiser à une source qui stimule l’imagination et l’action, qui met en question et qui encourage, une énergie qui propulse dans la vie. C’est une grâce encore que de pouvoir tendre vers une finalité qui attire, guide et éclaire, une espérance qui vous tire en avant. Se reconnaître une source et une finalité est un don inestimable, qui aide à franchir les obstacles et à traverser les épreuves sur le chemin.
L’Évangile de Jésus est la source et la finalité de tout disciple du Christ. L’Évangile, qui ne se réduit pas simplement à des valeurs, à une morale ou à une idéologie, mais qui est essentiellement la rencontre de Quelqu’un, la Personne du Christ qui, tel un ami, nous offre l’exemplarité de sa vie, son inépuisable sagesse, sa présence et son avenir. Voilà qui me relance dans mon ministère épiscopal, en l’orientant dans la mission reçue de Jésus d’encourager l’Église d’aujourd’hui à oser inviter et accompagner les personnes sur leurs chemins, en ne craignant pas d’aller le plus loin possible dans la rencontre du Christ, mort et ressuscité, Sauveur du monde. Vivre l’urgence de cette mission dans la puissance de l’Esprit Saint qui rassemble et envoie, qui fortifie intérieurement et impulse au dehors, pour la joie de Dieu et le salut du monde.
Mgr Laurent Le Boulc’h
Prêtre du diocèse de Saint-Brieuc, Mgr Laurent Le Boulc’h, 64 ans, a été évêque de Coutances et Avranches pendant dix ans. En avril 2023, il a été nommé archevêque de Lille.
© F. Richir - diocèse de Lille
Confirmation d’adultes à la cathédrale de Lille par Mgr Laurent Le Boulc’h, en mai 2024.
Dans les semaines qui précèdent le carême, je reçois chaque matin plusieurs lettres de catéchumènes, adultes ou jeunes, qui demandent à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne. Je lis avec soin chacune de ces centaines de lettres, comme si j’entrais en conversation avec leurs auteurs. Cela me demande beaucoup de temps ; cependant, je rends grâce tant cet exercice enrichit mon regard spirituel.
Les lettres des catéchumènes témoignent de la grande diversité du peuple de Dieu. Elles sont brèves ou longues, condensées ou déployées, poétiques ou abstraites, factuelles ou sentimentales, graves ou légères, parfois accompagnées d’une image ou d’une prière. Je les reçois comme l’offrande de morceaux de vie, et je suis touché par la confiance qu’elles expriment envers l’évêque. Elles m’invitent à l’action de grâce pour le don du ministère épiscopal qui, humblement, fait de moi, au nom de Jésus, un confident du travail de l’Esprit Saint dans le cœur des hommes et des femmes d’aujourd’hui.
Une pause pour m’émerveiller
J’écoute avec respect ce que ces lettres me disent. Il n’est pas rare qu’au cours de la
lecture, je marque une pause pour m’émerveiller devant l’œuvre de Dieu, magnifique et parfois tellement surprenante, qui se réalise dans la vie de ces personnes. Mon âme exulte devant la capacité inouïe de l’Esprit Saint à se jouer des obstacles pour toucher ceux et celles qui s’éprouvaient les plus éloignés de Dieu. Je rends grâce à Dieu devant son désir infini de rencontrer chaque être vivant afin de l’inviter à entrer dans la communion de son éternel amour. Et comme les voies du Seigneur sont extraordinairement multiples, j’ai souvent l’impression que Dieu a vraiment le goût du sur-mesure !
Je découvre la grande diversité des chemins de Dieu en l’homme, des plus classiques aux plus étonnants… Qu’il s’agisse d’une rencontre d’un témoin engagé, d’un songe nocturne, de l’épaisseur du silence dans une église, de l’Évangile soudainement reçu, d’une célébration de funérailles, d’une préparation au mariage, de partages en petits groupes d’Église, d’une remise en cause à la suite de lourdes épreuves, de réponses trouvées sur Internet, et que sais-je encore… Autant de déclics qui placent ces personnes sur le chemin de Jésus.
À l’origine de ces parcours de vie, je perçois aussi les grandes interrogations existentielles, le besoin de salut et la soif de vie spirituelle qui traversent notre époque et remontent dans la profondeur des êtres. Ces lettres me renvoient aux psaumes qui sont les réceptacles de tous ces cris de douleur, de délivrance et d’interrogations devant les
atteintes du mal, devant l’absurdité apparente d’une vie, les constats de nos impasses, les quêtes éperdues de sens ou les nostalgies d’enfances croyantes. Les psaumes louent le Seigneur pour les passages de la mort à la vie, pour le mystère pascal éprouvé dans des jaillissements de lumière, dans la réconciliation.
La marque de l’Esprit
Un faisceau d’indices de plus en plus nombreux me donne à croire que notre monde, bousculé dans tous les sens par les assauts de crises multiples – climatique, sociale,
culturelle, politique ou encore éducative –, n’est pas abandonné de Dieu. Au contraire, cette dure épreuve creuse en lui d’autres désirs qui portent la marque de l’Esprit, tels des appels à fonder les existences sur la solidité du roc et à les orienter dans un horizon de sens.
Les lettres des catéchumènes me redisent combien, dans les incertitudes de notre temps, se reconnaître une source et une finalité est un trésor pour la vie de toute per- sonne. C’est une belle grâce que de pouvoir puiser à une source qui stimule l’imagination et l’action, qui met en question et qui encourage, une énergie qui propulse dans la vie. C’est une grâce encore que de pouvoir tendre vers une finalité qui attire, guide et éclaire, une espérance qui vous tire en avant. Se reconnaître une source et une finalité est un don inestimable, qui aide à franchir les obstacles et à traverser les épreuves sur le chemin.
L’Évangile de Jésus est la source et la finalité de tout disciple du Christ. L’Évangile, qui ne se réduit pas simplement à des valeurs, à une morale ou à une idéologie, mais qui est essentiellement la rencontre de Quelqu’un, la Personne du Christ qui, tel un ami, nous offre l’exemplarité de sa vie, son inépuisable sagesse, sa présence et son avenir. Voilà qui me relance dans mon ministère épiscopal, en l’orientant dans la mission reçue de Jésus d’encourager l’Église d’aujourd’hui à oser inviter et accompagner les personnes sur leurs chemins, en ne craignant pas d’aller le plus loin possible dans la rencontre du Christ, mort et ressuscité, Sauveur du monde. Vivre l’urgence de cette mission dans la puissance de l’Esprit Saint qui rassemble et envoie, qui fortifie intérieurement et impulse au dehors, pour la joie de Dieu et le salut du monde.
Mgr Laurent Le Boulc’h
Prêtre du diocèse de Saint-Brieuc, Mgr Laurent Le Boulc’h, 64 ans, a été évêque de Coutances et Avranches pendant dix ans. En avril 2023, il a été nommé archevêque de Lille.
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Confirmation d’adultes à la cathédrale de Lille par Mgr Laurent Le Boulc’h, en mai 2024.
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