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Faire communauté - Revue N°91 - Janvier 2025

La fausse « bonne idée » de la compensation carbone

Chaque numéro de la Revue Vie chrétienne consacre une page à l’esprit de l’encyclique Laudato si’ « sur la sauvegarde de la maison commune ». Aujourd’hui, il s’agit de comprendre les effets du principe de compensation.
Puis-je prendre l’avion si je compense le carbone émis en plantant des arbres ? Cette question se pose à un nombre croissant de citoyens désireux de ne pas augmenter les émissions de gaz à effet de serre et donc de ne pas contribuer au réchauffement climatique. Compenser, selon le principe des crédits carbone, est une solution qui permet d’absorber autant de CO2 que la quantité produite par un transport en avion.
Ainsi, le trajet Marseille-Strasbourg en avion correspond à 100 kg de CO2 par personne – contre 4,2 kg par personne si l’on prend le train. Or pour compenser 100 kg de CO2, il faut 4 arbres adultes, plantés il y a plus de vingt ans – un jeune plant, ayant peu de feuilles, capte peu de CO2 –, donc capables d’absorber en moyenne 25 kg de CO2 par an.

Un nombre croissant de fonds d’investissement achètent des terres et y plantent des arbres pour vendre des crédits carbone. Ces investissements très rentables peuvent rapporter jusqu’à 800 € par hectare et par an. Mais le pape François s’est élevé contre cette solution : « La stratégie d’achat et de vente de “crédits de carbone” peut donner lieu à une nouvelle forme de spéculation, et cela ne servirait pas à réduire l’émission globale des gaz polluants » (Laudato si’, 171). Il s’agit en effet d’une véritable spéculation avec des profits assurés, mais le bénéfice écologique fluctue selon l’état du terrain avant la plantation.

Reproduire la biodiversité
Par ailleurs, les forêts absorbent de moins en moins de CO2, du fait du réchauffement climatique, des maladies et des coupes forestières. La priorité est donc de planter des arbres pour compenser la diminution de la capacité de nos forêts à absorber du carbone. Pour autant, planter des jeunes arbres ne suffit pas à reproduire la biodiversité d’une forêt ancienne ; il faut attendre plusieurs dizaines d’années pour cela, et veiller à planter des espèces différentes. « À cause de nous, des milliers d’espèces ne rendront plus gloire à Dieu par leur existence et ne pourront plus nous communiquer leur propre message. Nous n’en avons pas le droit », écrit encore le pape François (Laudato si’, 33).
Alors, la compensation est-elle une solution ? Pas plus que les indulgences qui consistaient, au Moyen Âge, à payer pour se faire pardonner ses péchés. Et ce serait un comble d’augmenter ses péchés (en augmentant les émissions de gaz à effet de serre) pour chercher ensuite à se les faire pardonner !
Ainsi, si les 3 000 participants au Congrès CVX de juillet prochain choisissaient de se rendre à Strasbourg en avion, il faudrait planter 6 000 arbres, soit environ la surface de 6 hectares de forêt. Pour un congrès de 3 jours !


Un référent Laudato si’
de CVX en France


Pour aller plus loin :
Guide pratique de l’écologie intégrale, 35 propositions ancrées dans la foi,
Gabrielle Pollet et Alexandre Masson, Éditions jésuites, 2024, 196 p., 14,50 €.




Planter des jeunes arbres ne suffit pas à reproduire la biodiversité d’une forêt ancienne.
Copyright : © Robert Pavsic / iStock

 
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