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Revue N°94 - Septembre 2025
Edito
Depuis quelques années, la mode des dirigeants « à poigne » gagne les démocraties : Donald Trump aux États-Unis, Benyamin Netanyahou en Israël, Javier Milei en Argentine, Nayib Bukele au Salvador sont admirés par certains électeurs persuadés que la répression brutale et la suppression des contre-pouvoirs sont les meilleures façons de venir à bout de tous les maux.Élu le 8 mai dernier – alors que l’on célébrait le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale –, le pape Léon XIV détonne. Ce religieux augustin est décrit par tous ceux qui ont travaillé avec lui, aux États-Unis, au Pérou ou au Vatican, comme modeste, discret, fuyant les honneurs et les conflits inutiles. Lors de la messe d’inauguration de son pontificat, le 18 mai, il a exprimé de l’humilité face au pouvoir et aux responsabilités : « J’ai été choisi sans aucun mérite, a-t-il déclaré. Avec crainte et tremblements, je viens à vous comme un frère qui veut se faire le serviteur de votre foi et de votre joie, en marchant avec vous sur le chemin de l’amour de Dieu, qui veut que nous soyons tous unis en une seule famille. »
Il considère que son rôle est de « paître le troupeau sans jamais céder à la tentation d’être un meneur solitaire ou un chef placé au-dessus des autres ». Une vision qu’il transpose à l’institution : « L’Église de Rome préside à la charité, et sa véritable autorité est la charité du Christ. Il ne s’agit jamais d’emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir, mais il s’agit toujours et uniquement d’aimer comme Jésus l’a fait. »
Une manière de se situer toujours du côté des plus pauvres, qui somme toute est très ignatienne : Véronique Fayet [lire p. 4], Anne Ferrand [p. 22-23] et Amaury Dewavrin [p. 40] en soulignent l’importance dans nos pages. Alors qu’Ignace de Loyola, « jusqu’à la vingt-sixième année de sa vie, fut un homme adonné aux vanités du monde », comme le décrit le Récit du pèlerin¹, il fit le choix radical de suivre le Christ pauvre, vivant dans la simplicité, l’humilité et l’amour passionné de Dieu et de l’humanité. Léon XIV est bien dans la continuité de son prédécesseur jésuite, à qui il a rendu hommage. Et, comme François, en rupture avec l’esprit du monde.
Claire Lesegretain
redaction@viechretienne.fr
¹L’autobiographie de saint Ignace : Texte intégral du Récit. Ignace de Loyola par lui-même, Ignace de Loyola, n° 350, Éditions Vie chrétienne, 1995.



Le pape Léon XIV rencontrant les représentants des médias dans la salle Paul VI, le 12 mai au Vatican.
© Maria Grazia Picciarella / Alamy Banque D’Images
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