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La double injustice climatique

Les émissions de gaz à effet de serre sont majoritairement le fait des plus riches tandis que ce sont les plus pauvres qui en subissent le plus les conséquences. Même chez nous.

Le changement climatique et les inégalités mondiales sont profondément liés. Alors que les émissions de gaz à effet e changement climatique et les inégalités mondiales sont profondément liés. Alors que les émissions de gaz à effet de serre, qui causent le changement climatique, sont majoritairement le fait des pays et des individus les plus riches et les plus puissants, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui en subissent les conséquences les plus sévères.

 

Très inégalement réparties


Les contributions aux émissions sont très inégalement réparties, entre pays comme au sein de chacun d’eux. Les pays les plus riches et les individus les plus aisés émettent bien davantage que le reste de la population mondiale. Par exemple, les émissions par habitant atteignent aux États-Unis près de 20 tonnes de CO₂ équivalent par an, soit le double de celles observées en Europe ou en Chine, et de dix à cent fois plus que dans la plupart des pays d’Afrique intertropicale. En France, l’empreinte carbone des 10 % des ménages les plus riches est presque trois fois supérieure à celle des 10 % les plus pauvres. À l’échelle mondiale, les consommations. et investissements des 10 % des humains les plus riches contribuent à environ 45 % des émissions, tandis que les 50 % les plus pauvres représentent moins de 15 % du total. En parallèle, les effets du changement climatique – vagues de chaleur plus intenses et plus fréquentes, sécheresses, montée du niveau de la mer, baisse des rendements agricoles… – frappent plus durement les régions déjà vulnérables, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est. À l’intérieur même des pays, les populations fragiles vivent souvent dans des zones à risque, exposées aux aléas climatiques, et disposent de peu de moyens pour s’en protéger ou s’en relever. Cette vulnérabilité se double souvent d’inégalités persistantes d’accès à l’eau, à l’alimentation, à la santé ou à la protection sociale. En miroir, les facteurs de vulnérabilité préexistants – classe sociale, genre, âge, état de santé – aggravent les pertes et dommages. Le changement climatique constitue désormais un vecteur d’ap-pauvrissement et de précarisation.
Face à cette double injustice climatique, l’urgence impose d’articuler réduction des émissions et réduction des inégalités. À l’échelle internationale, cela suppose de reconnaître les responsabilités différenciées, de renforcer la solidarité entre pays, et de construire un développement équitable, soutenable et résilient. Aux échelles nationales et territoriales, cela exige des transitions justes, qui protègent des effets du changement climatique et garantissent à toutes et tous l’accès à des modes de vie sobres en carbone.  À l’échelle individuelle, il est bon de reconnaître que chaque tonne de CO2 non émise réduit les risques climatiques et les souffrances, à l’autre bout de la planète et tout près de nous.

Céline Guivarch,
directrice de recherche au Centre international
de recherche sur l’environnement et le développement


« Inégalités mondiales et changement climatique », de Céline Guivarch et Nicolas Taconet, in Écologie et inégalités Revue de l’OFCE n° 165, 2020.
https://shs.cairn.info/article/REOF_165_0035

 
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