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Question de communauté locale - Revue N°71 - Mai 2021

Présentiel ou Distanciel : un discernement d'actualité


Avec la crise sanitaire que nous traversons, voilà que nous sommes devenus agiles avec toutes sortes d’outils qui, il y a encore peu de temps, nous étaient quasiment inconnus ! De sorte qu’un discernement de type nouveau s’impose dans notre quotidien : présentiel ou distanciel ?


Force est de constater que le « distanciel » a beaucoup d’avantages.
D’une certaine façon, il est plus facile de nous retrouver en ligne ! Sans temps de transport et sans obligation d’être tous en un même lieu, nos plages communes de disponibilité se trouvent élargies. Les réunions affichent d’ailleurs une meilleure participation en nombre. Elles évitent la fatigue du trajet. Elles sont souvent plus efficaces car il y a moins d’occasions de dispersion. Et ne sont-elles pas plus écologiques ?

Nous voir en visio ou nous entendre ensemble au téléphone est un véritable plaisir surtout quand rien d’autre n’est possible. De plus, certains ont constaté lors de rencontres ecclésiales, que le mode distanciel les aidait à libérer leur parole. Ainsi, ils avaient pu s’impliquer plus en profondeur que d’habitude dans les échanges. Les expériences de retraite à la maison accompagnées en distanciel ont confirmé que l’Esprit du Seigneur circule aussi à travers écrans interposés ou ondes téléphoniques.
 
Y a-t-il des inconvénients au distanciel ?
Malgré tout, le distanciel a aussi ses points noirs. D’abord, la technique. Qui n’a pas connu images figées ou déformées, son inexistant, coupures voire connexion impossible ? Et même quand l’outil fonctionne, le distanciel introduit toujours un infime décalage entre la réalité et ce qui est perçu. Ce qui est toujours gênant pour intervenir à bon escient et ne permet pas de communier dans un chant ou une prière ensemble.

Surtout, en visioconférence comme le dit Timothy Radcliffe, il nous manque la « 3D » ! Être chacun derrière un écran revient à être chacun amputé de tout un pan de la palette de notre être de relation : celui de la proximité corporelle. Le savent bien ceux qui accompagnent les malades, rien que la présence de l’autre, de son corps, de sa chaleur même sans contact du tout, est réconfort.

Enfin, si la « distance » aide à libérer la parole pour certains, c’est aussi qu’elle permet de « se cacher ». Expérience a été faite de devoir rencontrer physiquement des compagnons pour parvenir à dénouer des « nœuds relationnels ». Le distanciel ne donne pas accès à la tension des corps, la pesanteur du silence…

À chaque situation, sa décision. Au bout du compte, la liste des gains du distanciel est tout de même longue. Et il est probable que les pertes techniques disparaîtront au fil du temps.
Mais, en bons ignatiens, nous savons que la quantité des arguments ne vaut pas autant que leur poids. Dans sa dernière encyclique Fratelli tutti, le pape François nous rappelle la nécessité de prendre en compte le caractère incarné de nos relations : « Des gestes physiques, des expressions du visage, des silences, le langage corporel, voire du parfum, le tremblement des mains, le rougissement, la transpiration sont nécessaires car tout cela parle et fait partie de la communication humaine ». (FT43)

Distanciel ou présentiel ? Un discernement à prendre au sérieux dans chaque situation en vue de grandir ensemble dans notre humanité bien incarnée !
 
Béatrice Piganeau

 
Crédit photo: MarcosMartinezSanchez/iStock
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