L’essentiel d’une vie en podcast

Depuis un an, Guillaume Hénault-Morel propose un moyen original pour transmettre vos souvenirs : enregistrer des messages vocaux à destination des jeunes générations. En fait, j’avais tort. À toutes les étapes de sa vie, qu’il s’agisse d’une reconversion professionnelle, d’un mariage ou de l’arrivée d’un enfant, il est bon de déposer des mots personnels sur son chemin de vie, de se construire des repères. Ces mots écrits ou enregistrés sont des remparts contre les éventuels regrets – « J’aurais dû dire… », « Si seulement… » – qui peuvent nous envahir à certains moments. Ces récits sont aussi une occasion privilégiée de transmettre une mémoire, des valeurs, de conserver le lien avec ses proches.

À la fin de l’année 2023, profitant de l’accompagnement professionnel du Cowork Magis à Paris¹, j’ai lancé le site Jeveuxtedire.fr. Mon objectif est de proposer à des personnes de tous âges, qui ne se sentent pas forcément motivées ou inspirées pour écrire leurs mémoires, d’enregistrer un message oral qu’elles pourront ensuite offrir autour d’elles.



Le son de leur voix
Depuis un an que je fais cela, je suis marqué par l’évolution intérieure des personnes qui se lancent dans l’expérience entre le début et la fin de leur enregistrement. Le plus souvent, au début, la personne hésite : « Que dire ? », « Par où commencer ? », « Est-ce vraiment intéressant ? »… Mais peu à peu, les interrogations et les doutes disparaissent et elles apprivoisent le son de leur propre voix, alors même qu’elles ne sont pas habituées à l’entendre.
Notre voix, en effet, c’est celle que connaissent notre conjoint, nos enfants, nos amis. Mais malheureusement, la voix d’une personne est rapidement oubliée après son décès. L’enregistrer – un peu comme si l’on prenait des photos de sa voix – est donc une manière de transmettre quelque chose d’essentiel de soi-même.

Je suis marqué aussi par la sincérité des personnes qui s’expriment. « C’est drôle, je ne pensais pas parler autant, mais ça m’a fait du bien », me dit-on souvent avec un franc sourire, à la fin de l’enregistrement. Comme si ce temps de « confession » personnelle, entrecoupé d’éventuels silences, était aussi un temps de vérité avec soi-même et avec les autres. Le fait de n’être pas filmé – un micro n’est pas aussi intrusif qu’une caméra
– aide à une parole vraie. « J’aurais été mal à l’aise avec un format vidéo, m’a avoué Jean, grand-père de cinq petits-enfants. Avec cette proposition audio, je me suis senti accompagné avec bienveillance. »

La plupart des personnes qui, jusqu’à présent, m’ont demandé de les enregistrer l’ont fait pour laisser un souvenir, un lien, un conseil à ceux qui leur succéderont dans la longue chaîne de la vie.