« Ce que je souhaite transmettre dépasse ma discipline »

Professeur de physique-chimie en classes préparatoires, Benoît se rend compte quʼil transmet  à ses étudiants non seulement un savoir, mais aussi une attitude positive, un désir de progresser : un magis… très ignatien.

En tant qu’enseignant de physique-chimie depuis quelques années, ma mission consiste principalement à transmettre. Mais étonnamment, je constate que ce n’est pas la physique-chimie qui est au cœur de ce que je souhaite transmettre à mes étudiants. Bien sûr, si j’ai choisi cette discipline, c’est que j’y trouve une forme de poésie. Pour qui prend le temps de s’y intéresser, les modèles construits pour rendre compte d’observations expérimentales sont d’une délicate beauté. Et la recherche scientifique témoigne d’un émerveillement et d’une curiosité jamais complètement assouvis. Voir les yeux d’un étudiant s’ouvrir à cette beauté reste une grande joie, dont je ne me lasse pas, et qui donne sens à l’aspect – parfois ardu – des équations.
Si j’ai choisi le métier d’enseignant il y a quelques années, après une formation d’ingénieur, c’est pour être au contact de jeunes et susciter chez eux ce qu’il y a de meilleur. Permettre à un étudiant de progresser – sur quelque plan que ce soit –, c’est lui montrer qu’il vaut plus que ce qu’il croit parfois.


© Pascal Deloche / Godong
« J’ai choisi le métier d’enseignant pour susciter chez les jeunes ce qu’il y a de meilleur en eux. »


Dix mois dʼefforts, une année validée

Ainsi d’un étudiant, arrivé en « prépa » après un premier échec en études supérieures et qui ne croyait pas à ses chances de réussite dans un tel établissement : souffrant de troubles « dys »¹ depuis le primaire, il avait toujours été pardonné de ne pas savoir écrire à la main, si bien qu’il en était devenu incapable. Avec quelques collègues, nous avons refusé ce constat définitif dans lequel il s’était enfermé. Après dix mois d’efforts de sa part et de la nôtre, il est désormais capable de rendre des copies très correctes et a validé son année. La relecture de son parcours avec lui, en fin d’année, a été pour moi une grande consolation : il n’est plus l’élève « nul » qu’il a longtemps cru être, et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Peut-être même intégrera-t-il une école d’ingénieurs en fin de deuxième année.
C’est ce magis (« davantage », en latin), très ignatien, que j’ai vraiment à cœur de transmettre aux étudiants : toujours chercher à faire un pas de plus dans son goût pour les études, dans son travail personnel et dans ses résultats. Il n’importe pas tant d’être le meilleur que de progresser. Et de faire preuve d’un peu de charité envers soi-même lorsque, malgré ses efforts, les résultats semblent ne pas suivre immédiatement.
Je reconnais, dans cette aspiration, celle que j’ai moi-même reçue de mes parents et d’enseignants marquants. Vouloir transmettre se transmet aussi.

Professeur de physique-chimie en classes préparatoires, Benoît se rend compte quʼil transmet  à ses étudiants non seulement un savoir, mais aussi une attitude positive, un désir de progresser : un magis… très ignatien.

En tant qu’enseignant de physique-chimie depuis quelques années, ma mission consiste principalement à transmettre. Mais étonnamment, je constate que ce n’est pas la physique-chimie qui est au cœur de ce que je souhaite transmettre à mes étudiants. Bien sûr, si j’ai choisi cette discipline, c’est que j’y trouve une forme de poésie. Pour qui prend le temps de s’y intéresser, les modèles construits pour rendre compte d’observations expérimentales sont d’une délicate beauté. Et la recherche scientifique témoigne d’un émerveillement et d’une curiosité jamais complètement assouvis. Voir les yeux d’un étudiant s’ouvrir à cette beauté reste une grande joie, dont je ne me lasse pas, et qui donne sens à l’aspect – parfois ardu – des équations.
Si j’ai choisi le métier d’enseignant il y a quelques années, après une formation d’ingénieur, c’est pour être au contact de jeunes et susciter chez eux ce qu’il y a de meilleur. Permettre à un étudiant de progresser – sur quelque plan que ce soit –, c’est lui montrer qu’il vaut plus que ce qu’il croit parfois.

Dix mois dʼefforts, une année validée

Ainsi d’un étudiant, arrivé en « prépa » après un premier échec en études supérieures et qui ne croyait pas à ses chances de réussite dans un tel établissement : souffrant de troubles « dys »1 depuis le primaire, il avait toujours été pardonné de ne pas savoir écrire à la main, si bien qu’il en était devenu incapable. Avec quelques collègues, nous avons refusé ce constat définitif dans lequel il s’était enfermé. Après dix mois d’efforts de sa part et de la nôtre, il est désormais capable de rendre des copies très correctes et a validé son année. La relecture de son parcours avec lui, en fin d’année, a été pour moi une grande consolation : il n’est plus l’élève « nul » qu’il a longtemps cru être, et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Peut-être même intégrera-t-il une école d’ingénieurs en fin de deuxième année.
C’est ce magis (« davantage », en latin), très ignatien, que j’ai vraiment à cœur de transmettre aux étudiants : toujours chercher à faire un pas de plus dans son goût pour les études, dans son travail personnel et dans ses résultats. Il n’importe pas tant d’être le meilleur que de progresser. Et de faire preuve d’un peu de charité envers soi-même lorsque, malgré ses efforts, les résultats semblent ne pas suivre immédiatement.
Je reconnais, dans cette aspiration, celle que j’ai moi-même reçue de mes parents et d’enseignants marquants. Vouloir transmettre se transmet aussi.

¹ Il s’agit de troubles de dysfonctionnement des fonctions cognitives relatives au langage, à l’écriture, au calcul, aux gestes et à l’attention (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie...).

Benoît