En pensant à nos défunts
Revue N°20 - Novembre 2012
Cela fera bientôt cinq mois qu’Agnès est passée de l’autre côté. Le samedi me fait penser à elle, surtout quand j’ai l’impression ce jour-là de recevoir des grâces.
Cela fera bientôt cinq mois qu’Agnès est passée de l’autre côté. Le samedi me fait penser à elle, surtout quand j’ai l’impression ce jour-là de recevoir des grâces.
N’étant pas déléguée, je n’aurais pas du être présente à cette assemblée. Il m’a été demandé d’être là pour écouter, et rédiger, avec deux autres personnes, les orientations qui se dégageaient tout au long de ces journées d’échange et de réflexion. Je me sentais calme et disponible, du fait que nous serions trois.
Les enfants ont des défauts, comme les adultes. Mais, contrairement à ceux-ci, ils sont des « petits ». Même s’ils jouent aux grands, ils ne se trompent pas sur leur petitesse. Là est leur justesse.
Jésus est là au centre. Les deux disciples le regardent tandis que son visage, d’une grande douceur, est tourné vers le pain et le sel que ses mains semblent transformer. Son vêtement bleu est aussi la nappe sur laquelle s’accoudent les disciples. Les objets qui y sont posés sont prosaïques. Ils semblent tout droit sortis d’une cuisine d’aujourd’hui : une assiette et une cruche blanche à liseré bleu, un couteau, une fourchette, des verres à pied remplis de vins, un saladier débordant de figues fraiches.
« Très biblique, profondément biblique, tu sais… » Avec Jean K., c’est toujours pareil. Quoi que vous lui racontiez - une belle rencontre, une lecture déconcertante, un souvenir d’enfance tenace, il suffit que ça vous tienne à cœur - il cite les Écritures. Quelques versets en écho, et voilà votre confidence toute auréolée d’universel. Ainsi, l’autre jour - et pourtant on ne refaisait pas le monde, nous parlions tranquillement des départs en vacances, d’une vieille amie commune qui a désormais beaucoup de mal à se hisser en voiture, du bruit mat à la fermeture de sa portière...
Je rentre d’une première rencontre de notre communauté régionale mise en œuvre par l’équipe service toute neuve dont je fais partie. Me reviennent en boucle tous les petits coincements que nous avons repérés depuis les coulisses.
C’est surtout au printemps que St-S*** déploie toute la féerie du Baroque. Ses ombres sont alors de purs Fragonard. La lumière y module mieux que Rameau, laissant au silence le soin de rappeler que Dieu est là, tout proche. Y confesser en matinée, c’est sentir jaillir tout naturellement de son cœur les mots de la miséricorde, de la sagesse fraternelle.
Seigneur, aujourd’hui je vais poser le parquet flottant d’une pièce de notre maison. Je vais nettoyer, préparer, mesurer, couper, clipser, marteler… Toi qui as appris avec ton père le travail du bois, aide-moi à ne pas chercher la seule efficacité, mais à accepter de « perdre mon temps » quand mes jeunes enfants voudront « m’aider ».
Alors que je suis entourée d’adolescents, récemment nous évoquions avec une amie, nostalgiques, la douceur de la petite enfance. Que c’était facile de faire plaisir avec peu, pour les anniversaires et les fêtes ! Désormais tout est plus compliqué, nous ne savons pas toujours quoi offrir à nos ados. Nous avons du mal à les cerner, à les comprendre. Sans cesse, ils nous renvoient à leurs transformations : ils ne jouent plus de piano ou de harpe, ne veulent plus manger de viande ou s’habiller de telle façon… Ils nous disent qu’ils ont « changé » et qu’il est « urgent » pour eux de « sortir du schéma de pensée de leurs parents ». Quitte pour l’instant à s’inscrire dans des séries de refus ou d’oppositions...
Hier soir en réunion de communauté locale, j’ai relu les semaines passées comme coupées en deux périodes : Une période de grande énergie et de persévérance, en prise directe avec un réel complexe, aux registres multiples, un réel qui souvent résistait mais auquel je pouvais faire face avec confiance. Puis une période où le réel était apparemment le même mais j’étais débordée, fatiguée, très vite découragée.
Je ne sais pas vous, mais moi, l’ange-gardien de notre voisine me rend plutôt perplexe. Surtout depuis octobre, depuis qu’elle l’appelle l'Angélou. A la grecque, forcément. Vous allez comprendre.
Dans la fratrie, les choses se mettent en place : le jour, le lieu, le nombre, le menu. Petits et grands seront réunis. La cause ? Une fête : Noël. Et si Tu m’appelais à vivre ce repas de Noël en FETE DE L’ECOUTE ?
Derrière moi, un temps de relecture. Rencontres de travail avec l’équipe service de notre ancienne région. Rencontres avec des accompagnateurs, des compagnons.
À la maison des prêtres âgés, fin juin, il m’avait accueilli goguenard : - Tiens, un vacancier sur le départ, qui n’est pas très sûr de me retrouver à la rentrée… Pourquoi nier ? On ne ruse pas avec l’abbé H., musicologue.
Seigneur, cette semaine, je bâcle ma prière. Tout en assurant un service minimum, le cœur et la tête ne sont pas vraiment là, absorbés par les multiples urgences d’une journée qui semble bourrée à craquer. Je me dis que tu ne m’en veux pas et que tu dois être heureux de me voir me dépenser pour mes proches et pour des projets qui me dynamisent. Et en même temps, me revient cette parole que tu as adressée à Marthe, après l’avoir appelée deux fois par son prénom : « tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses. »
Aujourd’hui il me faut m’adresser à un proche, pour briser un engrenage malheureux de reproches ressentis, pas vraiment exprimés, imaginés peut-être, qui m’enferment et bloquent en moi le courant de la vie.
Vraiment, les gens ont de ces questions... On me demande parfois quel est mon bibliste préféré. Depuis mon séjour en Ardèche cet été, je réponds sans hésiter : « Carla ». Non, c'en est une autre, qu'allez-vous imaginer, voyons. C'est Carla du Pressing à côté de la mairie de L***. (Mais c'est vrai que ses clients disent volontiers : « aller chez Sarko ». Elle assume ; sur la vitrine, on lit : Nettoyage au Karcher sur demande).
C’est un samedi de novembre dans une centre commercial américain. Au cœur de celui-ci, un fast food bien rempli. Des clients y boivent un soda ou mangent un sandwich dans un restaurant avec, en bruit de fond, la musique de Jingle Bell jouée au piano par un homme déguisé en père Noël.
Cette semaine j’ai beaucoup entendu parler du film « Des hommes et des dieux » sur France Inter. Commentaires de critiques professionnels, appels d’auditeurs de tous horizons. La plupart commençaient par : « Je tiens à préciser que je ne suis pas croyant, mais j’ai été profondément touché par… »
Chaque année, à pareille époque, j’avance une estimation, je me promets de tenir un compte précis, et finalement, j’y renonce. Que voulez-vous, ça va trop vite, je n’arrive pas à comptabiliser. De quoi s’agit-il ? De savoir - pas seulement parmi les bons chrétiens, ce serait trop accablant - combien de personnes me présenteront leurs vœux de Bonne Année en ajoutant, suaves : « …Et surtout la santé ! »
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