Impression Envoyer à un ami
Denis CORPET

Second tour en réunion

Après le partage de chacun sur sa vie lors d’un premier tour, vient le moment où l’on s’adresse à l’un ou l’autre des compagnons en particulier. Comment être délicat tout en osant une parole ?


Si je vis la rencontre de mon groupe comme un exercice de contemplation, à quoi comparer le second tour ? Jean-Luc Fabre s.j. (1) nous propose de le vivre comme un colloque, où je parle au Christ « comme un ami à son ami ». Ce colloque est important dans la rencontre, c’est le temps où nous nous accompagnons. Oui, ce 2e tour est un accompagnement spirituel qui me permet d’entendre la parole du Seigneur dans la bouche de mes compagnons.
 
Au premier tour, si j’écoute « jusqu’au bout » je me tais. Souvent, cette écoute provoque en moi des mouvements que je note. Les communiquer sera délicat, et comme en mes colloques, plusieurs registres sont possibles. Mais je ne peux parler « en général » : je m’adresse à quelqu’un et pour le signifier, je commence toujours par dire son prénom en le regardant.
 
Sa parole me touche
 
Une première façon de parler va être de dire à l’autre là où sa parole me touche, me déplace. Attentif à ne pas commencer par "C’est comme moi", j’essayerai plutôt : « Jean, quand tu as dis… cela
a résonné en moi, m’a fait bouger, m’a rejoint. Je sens que ce que tu dis est pour moi « de la part du Seigneur ». J’ai compris que je pouvais… j’ai ressenti un élan pour… j’ai senti fraternité,… j’ai envie de rendre grâce…».
 
Si j’en ai l’inspiration, je peux aussi oser dire à l’autre quelque chose de la part du Seigneur. A partir de ce qui naît en moi dans un mouvement intérieur et qui vient d’un Autre, j’oserai une parole qui permettra
à mon compagnon d’aller plus loin. Par exemple : « Marie, ce que tu nous dis montre un chemin par rapport à l’an dernier. Jean, dans ce que tu dis de ta vie je perçois pour toi un appel. Cécile, cette question revient régulièrement dans ta bouche : est-ce le moment d’une aide au discernement ? Luc, depuis 2 ans, tu es engagé dans cette mission. Nous t’avions aidé à choisir. J’entends que tu t’essouffles. Si tu le désires, notre
équipe pourrait t’aider à relire ».
 
Echange en étoile
 
On peut enfin se libérer du « tour » ! C’est vers UN compagnon qu’on va se tourner, pour l’accompagner avec bienveillance. Quand tous ceux qui voulaient lui parler l’ont fait, il peut en retour dire ce qu’il éprouve, sans que ce soit obligé. Ainsi Marie ose adresser à Jean une parole. Après quelques secondes, Nicolas aussi dit quelque chose à Jean. Puis Cécile, toujours pour Jean, et sans poser de question directe qui l’obligerait à
répondre. Jean écoute « Dieu lui parler » par la bouche de ses compagnons. S’il le désire, quand ils ont fini, il peut dire en quelques mots ce qu’il ressent. Dans cet échange « en étoile » il y aura, forcément, du silence. Un silence habité où Dieu continue à parler au coeur. C’est fini pour Jean : on se tourne alors vers un-e autre à son tour…
 
C’est délicat de s’accompagner ainsi. Délicat d’oser commencer, de choisir à qui je parle. Délicat de viser juste, sans appuyer. Délicat enfin car le temps manquera pour accompagner chacun chaque fois :
ce sera la fois d’après. Et dans cet accompagnement, délicatement chacun grandit pas à pas et la communauté prend corps.
Denis Corpet
 
(1) Vivre une réunion de CL comme un exercice de contemplation. Revue Vie Chrétienne
n°32, p. 28.

 

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