Impression Envoyer à un ami

« Le Congrès de Strasbourg sera important pour la CVX mondiale »

José de Pablo, vice-assistant ecclésiastique mondial de la Communauté de Vie Chrétienne, compte participer au Congrès de Strasbourg du 12 au 14 juillet. Il porte un regard plein d’espérance sur CVX en France et dans le monde.

José de Pablo, vice-assistant ecclésiastique mondial de la Communauté de Vie Chrétienne, compte participer au Congrès de Strasbourg du 12 au 14 juillet. Il porte un regard plein d’espérance sur CVX en France et dans le monde.

La France est le pays où la Communauté de Vie Chrétienne compte le plus de membres. En quoi cela l’oblige-t-il ?
Père José de Pablo : CVX (ou CLC en anglais, pour Christian Life Community) est présente dans 80 pays et représente 2 000 membres – un nombre en légère diminution du fait du vieillissement. CVX en France, qui compte environ 7 000 membres, est perçue comme un bon modèle, une source d’inspiration, notamment pour la participation active de ses membres. Lors de l’Assemblée mondiale d’Amiens (Somme), en août 2023, j’ai été frappé de constater combien les Français en CVX sont très investis. Cela se voyait dans le travail réalisé par l’équipe de préparation de l’Assemblée ; tous étaient attentifs à accueillir chacun, malgré les difficultés de langue et de culture. Cette Assemblée d’Amiens a été une très belle expérience communautaire. Or, on a besoin de telles expériences dans le monde ; beaucoup de gens recherchent un endroit où parler de Dieu, où vivre leur foi, où s’exprimer en confiance.

Serez-vous présent au Congrès de Strasbourg, en Alsace, du 12 au 14 juillet prochains ?
J. de P. : D’habitude, je ne vais pas aux Assemblées nationales, car je ne peux aller dans 80 pays [rires, ndlr] ! Mais pour la France, je pense que je viendrai, car ce qui va s’y vivre sera important pour la CVX-CLC mondiale.

Et si vous ne pouviez venir à Strasbourg, qu’aimeriez-vous dire aux membres de CVX en France ?
J. de P. : Je leur dirais : « N’ayez pas peur et soyez engagés ! » L’engagement définitif dans CVX est important. C’est un signe de fidélité, un peu comme dans une relation amoureuse : après s’être fiancés, on se marie, ce qui signifie qu’on se choisit pour toute la vie. Certes, on peut rester en CVX sans s’engager ; mais si le choix est clair, pourquoi ne pas le manifester publiquement ? Les membres de CVX devraient sans cesse se demander : « Quelle est ma prochaine étape comme chrétien ? », « Puis-je participer à une retraite ? à une session ? », « Puis-je m’associer à une action solidaire ? »… C’est cela, vivre le magis, le « toujours plus » de saint Ignace de Loyola, tant sur le plan individuel que communautaire. Et cela suppose d’être créatif et de bien discerner les priorités.
Par ailleurs, le thème choisi pour le Congrès de Strasbourg est *« Artisans de paix »*¹. Un artisan est quelqu’un qui n’arrête pas de travailler ; il cherche sans cesse à améliorer ce qu’il fait. Une telle recherche « artisanale » de la paix passe par le dialogue, l’écoute, la prière, l’union des cœurs et des âmes… C’est une spécificité de l’Europe de permettre l’union – comme le rappelle bien le logo du Congrès. Moi qui ai travaillé sept ans à la Conférence des provinciaux jésuites européens à Bruxelles, en Belgique, je sais la nécessité de faire des liens entre les différentes parties de l’Europe. On a besoin d’entendre le cœur de l’Europe afin de ne pas avoir peur des crises, des pauvres, des migrants. Être artisan de paix en Europe, c’est garder l’espoir.

Qu’est-ce qui est source d’espérance pour vous ?
J. de P. : Un premier signe d’espérance est la manière dont nous avons progressé lors des dernières Assemblées mondiales, à Beyrouth (Liban) en 2013, à Buenos Aires (Argentine) en 2018 et à Amiens en 2023². C’est à Beyrouth que nous avons parlé des « frontières apostoliques ». Ce mot de « frontière », largement utilisé en anglais, ne doit pas être compris au sens de « barrière » mais comme un espace de mission. À Beyrouth, nous avons défini quatre frontières, c’est-à-dire quatre appels prioritaires pour la Communauté mondiale : famille, jeunesse, écologie, pauvreté et mondialisation. À Buenos Aires, nous les avons articulés autour des trois verbes « approfondir », « partager » et « avancer ». À Amiens, nous avons ajouté deux autres espaces de mission : la formation et les services spirituels ; et nous avons ajouté aussi trois autres verbes : « connecter », « coopérer » et « collaborer ». Ces verbes peuvent sembler similaires, mais leurs enjeux sont différents, tant ad intra [pour les relations internes à CVX, ndlr] qu’ad extra [pour le rapport de CVX au monde, ndlr].
Ce qui me donne de l’espoir également, c’est de voir que nous devenons progressivement une seule Communauté mondiale, partageant une même spiritualité et un même sens missionnaire. Dans cette Communauté unie, le rôle des jésuites est d’aider les laïcs à vivre leur vocation au quotidien, dans leur famille, leur travail, leurs engagements… CVX-CLC est là pour rassembler, non pour séparer. Or, beaucoup trop de communautés CVX dans le monde sont obligées de se positionner pour ou contre leur gouvernement, et cela n’est pas bon. Afin d’être crédibles, nous avons besoin d’être radicaux pour vivre notre spiritualité. Mais nous n’avons pas besoin d’être radicaux pour le reste !

Quelle est la situation actuelle de CVX-CLC à travers le monde ?
J. de P. : Nous sommes en train de mettre en place des structures intermédiaires entre la CVX-CLC mondiale et les communautés nationales, des équipes service continentales, comme l’Euroteam en Europe. Désormais, il existe des Assemblées continentales pour l’Europe (la première a eu lieu à Malte en mai 2024), pour l’Amérique latine (la première s’est tenue à Buenos Aires, en Argentine, en août 2024) et pour l’Asie-Pacifique (la première s’est déroulée à Tokyo, au Japon, en février dernier). En Afrique, nous travaillons ensemble pour construire une région commune malgré les distances et les différences culturelles et linguistiques. Nous souhaitons que l’Assemblée de l’Afrique ait également lieu cet été.
Dans certaines régions du monde où il est très difficile, voire impossible, de se déplacer, notamment au Moyen-Orient, on ne peut pour le moment organiser une Assemblée continentale. Nous avons cependant réussi à organiser la réunion annuelle du Conseil mondial en janvier 2025 au Caire (Égypte), et non pas à Rome (Italie) comme c’était toujours le cas jusqu’à présent : c’était une manière d’« aller aux périphéries », comme l’a demandé le pape François dans Evangelii gaudium en 2013. On peut donc dire que la CVX-CLC mondiale est bien vivante et qu’elle est en croissance, malgré certaines difficultés liées à l’âge de ses membres ou à des situations politiques compliquées, comme au Venezuela.

Quels sont les défis de demain pour CVX-CLC ?
J. de P. : À Amiens, toutes les communautés ont donné des informations sur les initiatives apostoliques de leurs membres, et j’ai été surpris de voir que celles-ci sont principalement en lien avec la spiritualité et la formation : ils animent des retraites, font de l’accompagnement spirituel, donnent des retraites suivant les Exercices selon saint Ignace… J’ai constaté aussi que les apostolats dans les quatre « frontières » (famille, écologie, jeunesse, pauvreté et mondialisation) étaient très importants. Ainsi, beaucoup de membres de CVX sont engagés auprès des réfugiés, mais ils n’ont pas assez de liens internationaux entre eux.
Maintenant, il faut donc développer des équipes au niveau continental et mondial. Des équipes internationales existent déjà pour la jeunesse et pour l’écologie. En ce qui concerne la mondialisation et la pauvreté, une équipe se met en place lentement, en lien avec l’Organisation des Nations unies à New York (États-Unis). Et en ce qui concerne la famille, une équipe internationale est également en train de se constituer.
Parallèlement, six représentants du monde entier, en lien avec la Communauté mondiale de leadership (anciennement Conseil exécutif mondial, ou ExCo), ont été nommés pour réviser les Principes Généraux et les Normes Générales de CVX-CLC. En effet, le dicastère du Saint-Siège pour les Laïcs, la Famille et la Vie nous a demandé de revoir nos statuts. Ce processus de révision va se faire avec toutes les Communautés nationales, sous forme de questions-réponses. Il faudrait que ces nouveaux Principes Généraux et ces nouvelles Normes Générales³ soient terminés d’ici trois ans, afin d’être approuvés lors de l’Assemblée mondiale de 2028.

Recueilli par Claire Lesegretain

 

¹ Toutes les infos sur : intranet.cvxfrance.com/congres2025
² Documents des Assemblées mondiales : cvx-clc.net/fr/documents-officiels
³ Textes de référence de la CVX mondiale. En France, ils sont appliqués via le règlement intérieur et les Normes Particulières : bit.ly/425KWar

 

Jésuite espagnol, José de Pablo a fait partie, en 2018, de l’équipe facilitant le discernement à l’Assemblée mondiale. En 2020, Arturo Sosa, supérieur général de la Compagnie de Jésus, l’a nommé vice-assistant ecclésiastique pour accompagner les discernements et décisions de la CVX mondiale. Il réside à Manresa, en Espagne (et non à Rome comme ses prédécesseurs).


 « J’ai été frappé de constater combien les Français en CVX sont investis. »
© jesuits.global/fr



La Communauté mondiale de leadership (nouveau nom de l’ExCo) a tenu sa réunion annuelle au Caire du 1er au 10 février 2025.
© Communauté Mondiale de Leadership CVX

Le produit a été ajouté au panier

Voir mon panier