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La santé et le salut


Nous savons tous l’importance de la santé en ce temps de pandémie ; nous nous mobilisons pour éviter la contamination par le virus. Malades, nous cherchons bien légitimement à nous en sortir ! Or c’est quand tout va bien et que nous n’avons aucun problème, ni physique ni psychologique, que nous méconnaissons la valeur de la santé. Comme de toute chose, c’est quand nous l’avons perdue que nous comprenons son importance. Ainsi de la liberté de circuler qui nous semble tellement évidente qu’il a fallu le confinement pour qu’on s’aperçoive que la possibilité de sortir dans la rue et de se promener tranquillement n’était pas une chose banale…

Aussi la santé est-elle un bien infiniment précieux que seuls de faux spirituels pourraient négliger. Dès lors on peut commencer à s’apercevoir que Celui qui vient proposer à tous la vie éternelle, donc le salut, l’émancipation de la mort et du néant, la vraie vie dans l’Amour, le Christ, ne peut pas méconnaître la valeur de la vie corporelle : celle-ci, quand elle est heureuse, est déjà une sortie de la mort, une participation bienvenue et souhaitable à la Vie. Sa perte donne un avant-goût de notre fragilité, donc de la présence de la mort en nous. Il faut avoir traversé la maladie pour comprendre la valeur de la santé, donc aussi de la vie.

Lorsque Jésus guérit, on peut comprendre qu’il ne s’agit pas pour lui d’éblouir les masses, de montrer une puissance exceptionnelle, de s’exhiber comme un héros hors norme. Quand il le fait, il annonce déjà le salut, à savoir que notre vulnérabilité physique est appelée à être engloutie par la Résurrection. Nous le pressentons quand nous nous relevons d’un lit de souffrances, quand nous retrouvons le quotidien qui nous paraît pourtant si banal et si lourd parfois. Nous redécouvrons alors le prix infiniment précieux de vivre, tout simplement…

Sans doute aussi pouvons-nous comprendre pourquoi l’Église depuis si longtemps a eu souci de la santé des corps et pourquoi tant de chrétiens ont fondé hôpitaux, cliniques, dispensaires, et se sont consacrés à la médecine ou aux services de soin. Par là ces chrétiens disent non seulement l’importance du corps, mais annoncent sans élever la voix, de manière concrète, que la santé est comme un avant-goût du salut. Que le corps, et pas seulement l’âme, importe à la destinée éternelle des humains, et que ne se préoccuper que de l’âme serait une trahison de la portée charnelle du message évangélique. Faut-il s’étonner dès lors que de nos jours encore, ce qui concerne le corps, par exemple les questions de biomédecine, préoccupe tant les chrétiens ? Sinon, parce qu’à leurs yeux le corps n’est pas qu’une belle machine qu’on peut manipuler à son gré, mais que ce qui le concerne concerne le salut lui-même. Négliger ou manipuler inconsidérément le corps, c’est mépriser la personne, et en elle son Créateur, la source de la Vie.
 
Paul Valadier s.j.
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