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Le cardinal Martini, ce "prince de l'Eglise"

Martin Feron, directeur de la Revue Vie Chrétienne de 1998 à 2003, aujourd’hui directeur de la programmation, de l’information et de l’antenne de RCF, évoque pour nous ses rencontres avec le cardinal Martini.
 
Ma première rencontre avec le cardinal Martini remonte… à mon arrivée à Vie Chrétienne ! A peine installé à la direction de la revue j’ai assisté à la sortie, dans des conditions un peu précipitées, d’un supplément « La onzième heure ou se décider pour le Christ »[1] avec une photo en couleurs, de l’auteur tout de rouge cardinalice vêtu. Je n’ai pas le souvenir exact du nombre d’exemplaires vendus de cet ouvrage qui reprenait une conférence donnée devant des séminaristes italiens mais, de la petite vingtaine de livres qui ont été produits durant ma présence à Vie Chrétienne ce fut, sans hésitation, une des meilleures ventes. Pour de bonnes raisons : un langage simple, accessible, authentique, une parole que l’on devinait à travers les lignes puissante, enracinée dans la foi et l’Ecriture, inscrite dans son temps.

Quelques années plus tard j’ai eu la chance de recueillir physiquement cette parole. Travaillant également pour l’émission de Télévision Le Jour du Seigneur avec Marie-Bernadette Noël, cette dernière avait lancé le projet de rencontrer à Jérusalem, sur le lieu de sa retraite après son départ de Milan, le cardinal Martini pour une interview. Cette idée, elle l’avait conçue avec des amis jésuites dont François Boëdec, à l’époque rédacteur en chef de la revue Croire Aujourd’hui.

Loin d’être un expert des arcanes du Vatican et de ses usages, un terme m’est spontanément venu à l’esprit lors de notre première rencontre avec le cardinal Martini, préliminaire à notre entretien deux jours plus tard : « prince de l’Eglise », dans toute la noblesse du terme. L’homme était déjà très affaibli par la maladie, économe de ses mots, mais jamais je n’oublierai cette stature dans l’expression, soutenue par ce regard profond.

Revenir en détail sur ce que le cardinal nous a partagé lors de l’interview nécessiterait de se replonger dans l’émission pour ne pas trahir cette parole qui s’exprimait sur la Bible, la spiritualité ignatienne, les jeunes, la prière, le fonctionnement de l’Eglise et son rapport au monde.. Je vous renvoie d’ailleurs au site internet du Jour du Seigneur, je crois, qui diffuse des extraits à l’occasion de son décès. Mais j’ai toujours gardé en mémoire la première réponse, alors que nous faisions référence à sa passion et sa connaissance de l’Ecriture Sainte, lui demandant quelle était l’origine de cette vocation d’exégète. A quelques mots près cela donnait ceci : « Depuis tout petit j’entendais dire que la Bible était la plus grande œuvre littéraire au monde. Il n’y en avait pas chez moi.  Je suis donc allé la lire dans une bibliothèque pour vérifier si elle était écrite en prose ou en vers » !!

Quelques années plus tard nous étions avec François à l’Unesco pour la présentation du livre consacré par le pape Benoit XVI à Jésus par… le cardinal Martini ! Rigueur en introduction « cet ouvrage n’est pas un travail d’exégèse mais l’œuvre d’un théologien… » S’ensuit un exposé  de lecture complet sur le travail du pape (auxquels certains l’ont opposé, notamment comme possible papabile au moment du conclave) et cette conclusion : « Si je devais dire une dernière chose sur ce livre, c’est que j’aurais aimé l’avoir écrit ». Un Prince de l’Eglise…
 
 Martin Féron

[1] Ce livre vient d’être réédité dans une nouvelle maquette en avril 2012. Plus de rouge cardinalice sur la couverture, mais plus simplement, la pointe d’un clocher sur fond bleu
 
 

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