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Revue N°39 - Janvier 2016

Voyez comme ils s'aiment

Témoignages à deux voix




Quelques mots sur vous et votre famille...
Etienne : La quarantaine tous les deux, nous sommes mariés depuis 20 ans, trois enfants (deux filles de 16 et 13 ans, un garçon de 8 ans). Tous deux engagés professionnellement dans la sphère sociale : direction d’établissement pour personnes en situation de handicap pour ma femme, direction d’une association de solidarité pour moi-même.
 
Concrètement, qu'est-ce que cela veut dire de ne pas partager la foi en Dieu ?
Je résumerai ainsi : un trésor difficile à partager ! « Je souhaiterais tellement que tu partages la même joie que moi, découvres que « quelqu’un » a un projet pour l’Homme, qu’Il lui veut du bien, que la vie ne s’arrête pas après la mort... Cette situation engendre parfois une part de souffrance personnelle, le sentiment d’être mal compris, mal connu. Il me semble qu’il y a un vrai danger de devenir un étranger pour l’autre ! Je m’efforce donc de témoigner de mes convictions à l’occasion d’événements familiaux, extérieurs, liés à l’actualité. Nous avons régulièrement des échanges de fond, parfois « houleux », où chacun se découvre en profondeur. C’est une manière de dire à l’autre : voilà en quoi je crois, ce qui fonde ma pensée, ce que je suis. Heureusement, nous nous retrouvons bien souvent sur les mêmes chemins, les mêmes valeurs !
 
Et pour les enfants, quels choix posez-vous?
La question de la transmission de la foi est centrale (trop ?) et là encore source parfois de tristesse, de sentiment d’échouer dans cette mission. Avec le temps, j’ai pris le parti d’avoir une obligation de moyens, et non de résultats ! Nous avons décidé que les enfants seraient catéchisés (MEJ, paroisse, aumônerie) mais je reste somme toute un peu seul dans cette responsabilité de transmission de la foi. Ma femme a néanmoins le désir de transmettre ce qui fonde ses engagements. Au final, il me semble que les enfants ont en face d’eux des parents soudés sur une éthique commune, leur offrant des repères solides sur lesquels ils pourront se construire.
 
Qu'est ce que cela "fait bouger"?
Curieusement, être en relation avec des personnes non croyantes me renforce bien souvent dans la foi. Maintes fois, j’ai eu la chance de voir le visage de Dieu sur des hommes et des femmes dites « sans foi ». De belles leçons d’humilité. Le projet de Dieu s’adresse à tous, et plus encore aux plus fragiles, je n’en suis pas l’un des membres privilégiés. Je ressens certes une forme de responsabilité à annoncer la Bonne Nouvelle, mais j’apprends surtout à lâcher prise et à m’en remettre à Dieu. Finalement, ce que je montre le plus de ma foi est la joie et l’espérance. La vie de famille nous réserve bien souvent des moments difficiles ; la force de la foi (je prie pour ne pas en manquer !!!)  me permet de témoigner, et de passer les orages, ensemble.
Etienne


 *****
 
Diriez-vous « Je ne suis pas croyante » ou « je n’ai pas la foi » ?
Natacha : Y a-t-il une réalité différente entre ces deux affirmations ? Je dirais plutôt qu’elles représentent deux façons différentes de se présenter. La première est plutôt une définition de soi par l’être alors que la deuxième représente peut-être plus l’expression d’un sentiment intérieur plus profond de sa croyance (peut-être même physique) qui serait une définition de soi par l’avoir. Pour  ma part, je dirais aujourd'hui "je ne suis pas croyante". Je ne crois pas en l’existence d’un Dieu. Cependant, je n’arrive pas non plus à affirmer le contraire ! Je suis baptisée et me sens tout de même appartenir à la communauté « culturelle » et « idéologique » des chrétiens avec lesquels si je ne partage pas la croyance en une existence divine, une vie au-delà éternelle…, je partage un grand nombre de valeurs humaines qui me guident dans ma vie de tous les jours.
 
Comment abordez-vous cette différence en couple ?
Nous faisons couple depuis plus de vingt ans. Cette différence n’a et n’est pas toujours présente dans notre histoire, dans nos discussions et débats. Elle a été plus présente au début de notre rencontre, lorsque nous posions les « bases » de notre union. Notre différence se manifeste plutôt lors de moments clés de notre vie comme tout d’abord notre mariage et ensuite les choix à faire dans l’éducation de nos enfants. Ici, ce sont des étapes de la vie qui concernent directement notre engagement à faire couple. Mais cette différence entre nous est aussi échangée lors de moments de vie plus intime pour chacun lors de deuils que nous avons vécu l’un et l’autre par exemple, et que notre solidarité et affection pour l’autre nous amène à nous écouter et nous accompagner dans notre façon de vivre ces moments, de garder « foi » en la vie !!
Nous avons décidé ensemble que nos enfants seraient baptisés et qu’ils auraient dans leurs premières années une éducation religieuse en les inscrivant au catéchisme et en leur faisant faire leur première communion. La suite de leur éducation et de leur pratique religieuse est plutôt assumée et assurée par Etienne. Dans les premières années, j’étais plus présente à leur côté pour les accompagner à la messe mais plus par désir de ne pas être exclue de ce pan de leur éducation que de vouloir leur transmettre une éducation religieuse. J’ai le sentiment d’avoir fait un bout de chemin en parallèle, surtout avec notre ainée, et de me retrouver un peu comme elle vers ses 12 ans à devoir répondre à cette question : « croyez-vous en Dieu ? ». Mon incapacité à répondre « OUI je crois » m’a amené à être moins présente et laisser Etienne leur témoigner de sa foi. Je pense qu’aujourd’hui que nos enfants même le plus jeune ont conscience de notre différence quant à notre croyance mais savent aussi que nous faisons vivre au quotidien et que nous leur transmettons les mêmes valeurs de respect, d’humanité, de solidarité et d’accueil envers l’autre et que nous essayons ensemble de leur donner les bases pour faire leur propre chemin. 
Notre différence est peut-être une richesse pour nos enfants car elle les amène régulièrement à se poser la question de leur croyance au-delà d’une adhésion culturelle à la religion. Ce qui me semble important pour eux, c’est qu’ils acquièrent une autonomie de pensée.  C’est aussi comme un enrichissement personnel que je ressens la religion et la croyance de mon mari car elle m’amène régulièrement à me questionner sur le sens de mes actions, de mes convictions et de mon idéologie. En tout cas elle installe le doute et donc la réflexion : « si celui que j’aime, respecte et que je ne considère pas comme quelqu’un d’insensé, d’irraisonné ou de fou…si celui-ci croit en l’existence d’un Dieu alors des fois je me dis pourquoi pas ? »
   

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